En octobre 2009, l’envie de faire sortir l’écriture hors des murs de l’atelier me fit organiser les Sentiers d’écriture dans Toulouse au départ de Saint Cyprien, une écriture de lieu en lieu, avec un moment d’écriture dans la présence de l’œuvre de JP Marcheschi, La Voie lactée au métro des Carmes.
Et puis… la panne ! Non pas d’écriture (bien qu’écrire la panne d’écriture ait pu être envisagé) mais bien de métro : j’invitai les participants à profiter de ce temps supplémentaire pour continuer à écrire avec l’œuvre de Marcheschi. Pas bien longue cette panne mais suffisamment pour qu’y naisse l’envie d’expérimenter une écriture liée au rythme du métro...
Il est impossible d’écrire si on n’est pas dans certain tempo (…) je pourrais presque dire que je ne travaille que sur des cadences ou du moins des idées de cadence. Plus bien sûr le magma. Mais ce « magma » peut être n’importe quoi. Et s’il ne parvient pas à se mouler dans une cadence ce ne sera jamais de l’écriture. Claude Simon
Je me mis à lire les Poèmes de métro de l’oulipien Jacques Jouet. Ecrits dans le métro parisien à l’occasion de, en pensant à … : chaque jour, un poème de métro entre 1995 à 1997. Dans ce que j’observe tout pourrait être à retenir s’il ne fallait pas qu’il s’y mêle l’exigence d’une accroche possible des atomes du spectacle avec des atomes de langage. Car il s’agit moins de tirer de la poésie du métro que de s’aider du rythme de la machine pour composer. La méthode est simple, Jacques Jouet l’expose en un poème de métro :
Un poème de métro est un poème composé dans le métro, pendant le temps d’un parcours.
Un poème de métro compte autant de vers que votre voyage compte de stations moins un.
Le premier vers est composé dans votre tête entre les deux premières stations de votre voyage (en comptant la station de départ).
Il est transcrit sur le papier quand la rame s’arrête à la station deux.
Le deuxième vers est composé dans votre tête entre les stations deux et trois de votre voyage.
Il est transcrit sur le papier quand la rame s’arrête à la station trois. Et ainsi de suite.
Il ne faut pas transcrire quand la rame est en marche.
Il ne faut pas composer quand la rame est arrêtée.
Le dernier vers du poème est transcrit sur le quai de votre dernière station.
Si votre voyage impose un ou plusieurs changements de ligne, le poème comporte deux strophes ou davantage.
Si par malchance la rame s’arrête entre deux stations, c’est toujours un moment délicat de l’écriture d’un poème de métro.
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